Le CARTV : répondant exclusif de la qualité des vins du Québec face à l’Union européenne
Le processus ayant mené à cet aboutissement a débuté il y a près de deux ans et s’est déroulé en deux phases. La première consistant à faire approuver le CARTV au titre de seule autorité compétente au Québec pour certifier la conformité des vins destinés à l’exportation sur le territoire européen.
Le rôle du CARTV à cet égard consiste à s’assurer que les vins du Québec présentent des caractéristiques sanitaires et physico-chimiques conformes aux sévères critères d’élaboration des vins fixés par l’Union européenne. Tout comme les normes qui ont inspiré les rédacteurs du cahier de charge des IGP Vin et Vins de glace du Québec, ces balises qualitatives sont tirées du Codex œnologique et du Code International des pratiques œnologiques publiés par l’Organisation internationale de la vigne et du vin (OIV).
Charles-Henri de Coussergues, un pionnier !
Le CARTV n’a pas eu à attendre longtemps avant de mettre ce nouveau statut à profit. En effet, dès l’été 2024, un des pionniers de la viniculture québécoise, Charles-Henri de Coussergues, a soumis une demande au CARTV pour pouvoir acheminer à un caviste situé à Pau, dans le sud-ouest de la France, une pleine palette de son Orpailleur IGP Vin de Glace du millésime 2023 ! Sur des roulettes… Sans le sceau du CARTV sur le bon formulaire, les gosiers français seraient restés secs…
Dans la foulée de l’attribution de ce statut de seul répondant de la qualité des vins du Québec face à l’Union européenne, le CARTV a entrepris, de concert avec Affaires Mondiales Canada et le ministère de l’Économie, de l’Innovation, de l’Industrie et de l’Environnement du Québec, de faire reconnaître ses appellations IGP Vin du Québec et Vin de glace du Québec par l’Union européenne.
Le rôle de facilitateur qu’ont joué ces ministères a permis au CARTV d’adresser sa requête de reconnaissance au comité spécialisé en matière de vin et spiritueux créé à l’occasion de l’Accord entre le Canada et la Communauté européenne relatif au commerce des vins et des boissons spiritueuses 2003 (et plus tard intégré à l’Accord économique et commercial global (AECG) toujours entre le Canada et l’Union européenne.)
Au soutien de sa requête, le CARTV a exposé les motifs qui justifieraient que l’Union européenne accorde aux IGP des vins du Québec une protection administrative et douanière de ses droits de propriété intellectuelle par le biais, notamment, d’une publication au sein de ses différents répertoires dédiés aux produits d’appellations de partout dans le monde qu’elle reconnaît digne d’y figurer.
Le défi du terroir : ce qui distingue les vins du Québec
Déjà, la seule description de la zone de production des vins de certification IGP donne une idée de la complexité inhérente à la démonstration de ce lien entre un produit agroalimentaire et le territoire dont il est issu. Ce qu’en gros, on définit comme le concept de « terroir ». Par comparaison, la prestigieuse appellation de Châteauneuf-du-Pape, qui couvre environ 3200 hectares, ne s’étend que sur 4 communes entourant celle qui donne son nom à l’appellation. Dans le cas du Québec, c’est plusieurs centaines de municipalités du sud de la province qui entrent, en tout ou en partie, dans l’aire de référence agroclimatique des IGP Vins du Québec!
Et pourtant, le « quality link » (comme le nomment maintenant ceux qui ont pourtant inventé le concept de terroir), a été reconnu par le comité spécialisé de la Commission européenne dans le secteur des vins. Bien sûr, les vins certifiés produits au Québec font partie de la grande et désormais vibrante communauté des vins dit de « climat frais ». Ils s’y trouvent en compagnie des vins de Suède, de Tasmanie et de la région septentrionale du vignoble français, par exemple. On leur attribue un caractère pimpant, un caractère floral soutenu par une belle acidité (qui fait désormais défaut à plusieurs appellations traditionnelles).
Soit, les vins IGP sont d’authentiques vins de climat frais, mais puisqu’ils ne sont pas les seuls, qu’est-ce qui tient spécifiquement du terroir québécois, si vaste et diversifié, dans les vins qui en sont issus, demande encore le Comité?
L’ingéniosité des vignerons québécois, clé de la réussite
Le facteur humain. En effet, d’après la définition officielle de l’UNESCO, le « terroir » désigne « un espace géographique délimité défini à partir d’une communauté humaine qui construit au cours de son histoire un ensemble de traits culturels distinctifs, de savoirs et de pratiques, fondés sur un système d’interactions entre le milieu naturel et les facteurs humains ».
Ainsi, l’ingéniosité et l’opiniâtreté des vignerons québécois, qui ont réussi à inventer de toutes pièces un mode de conduite de la vigne dans l’adversité et le froid extrême, devant l’incrédulité générale (qui persiste encore chez certains esprits chagrins), ont été reconnues comme une composante indissociable et un marqueur de l’identité de la jeune industrie viticole québécoise.
À tout prendre, si le vignoble québécois est en mode de construction, en voie de se définir, il est logé à la même enseigne que les plus augustes appellations du monde du vin, forcées, elles, à se redéfinir devant les bouleversements induits par le changement climatique.
Vers une reconnaissance définitive : Les IGP Vins du Québec dans les répertoires européens
Les publications au Journal de l’Union européenne d’abord, ouvre une période de contestation de la part de tiers intéressés d’une durée de 3 mois au terme de laquelle les appellations obtiendront une reconnaissance définitive par l’UE.
Suivront ensuite les publications dans les répertoires de l’EUPIO (European Union Intellectual Property Office), l’équivalent de notre Office de propriété intellectuelle du Canada, où sont répertoriées toutes les marques de commerce reconnues dans l’Union européenne. Pour finir, les IGP Vins du Québec trouveront leur place aux côtés d’appellations qualitatives étrangères, comme Napa et Willamette Valley, dans eAmbrosia, qui répertorie les dénominations de produits agricoles, de vins et de boissons spiritueuses qui sont enregistrées et protégées dans toute l’UE. On pourra y lire les motifs de la requête soumise par le CARTV dans leur intégralité.
Tout ça au cours de l’année 2025, espère-t-on. Au succès des IGP Vin du Québec et Vin de glace du Québec en Union européenne :
Santé !